Hello mes petits chats angoras !
Vous allez vous dire que je passe ma vie au cinéma ces temps-ci et vous n'aurez pas torts (je devrais prendre des actions chez Gaumont Pathé...). Mais hier soir, ce n'est pas n'importe quel film que je suis allée voir avec l'enthousiasme et l'impatience d'une gamine le matin de Noël ! Hier soir, j'avais rendez-vous avec un maître, que dis-je, un véritable génie à mes yeux : le grand Tim Burton. Être fan de ce cinéaste, mouais, ce n'est pas très original me direz-vous peut-être. Mais ça n'en est pas moins vrai, bien que je sois la première à reconnaître que Monsieur Burton est capable du meilleur - véritables petits bijoux cinématographiques ("Edward aux mains d'argent", "Les Noces Funèbres", "Big Fish"... Je ne cite pas "L'étrange Noël de Mr Jack" car il n'en est que le producteur et scénariste mais vous pouvez l'ajouter à la liste de mes films préférés sur Terre !), comme du pire ("Mars Attack" ? Honnêtement?! Ou encore "Alice au Pays des Merveilles", une de mes œuvres préférées qu'il a tout bonnement massacré à mes yeux et qui font images de grosses bouses dans sa filmographie). Mais soit.
Comme je ne suis pas rancunière (enfin, faut pas pousser non plus hein ;)) et que je sais de quoi est capable ce grand Monsieur, je reste fidèle au poste à chacune de ses nouvelles créations. C'est donc comme le messie que j'attendais Frankenweenie depuis l'année passée. Quand Disney a annoncé la sortie de ce nouveau long-métrage, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Car pour ceux qui l'ignorent, Frankenweenie n'est pas à proprement parler une idée datant d'hier (ni d'avant hier). En 1984, petit Burton (encore au début de sa carrière qu'il n'imaginait sans doute pas aussi magistrale) réalise un court métrage du même nom. Jugé trop décalé, trop dérangeant, trop marginal pour l'univers édulcoré de ce bon vieux Walt, Tim Burton est sommé d'aller voir ailleurs que chez Disney. Ce qu'il fera la même année... Mais ne dit-on pas que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ? Près de 24 ans plus tard et fort des succès incontestables qu'on lui connaît, le voilà pourtant de retour avec un Frankenweenie version long-métrage... et bien distribué par Disney cette fois-ci ! (une petite revanche sur le géant de l'animation ?!). Et ça lui réussit plutôt bien ! Zoom sur un petit chef-d'oeuvre burtonnien... comme-à-ses-débuts.
Victor Frankenstein (ça ne s'invente pas !) est (comme souvent chez Burton) un petit garçon introverti et solitaire, au teint pâle et aux grands yeux sombres. Son meilleur et unique ami est Sparky, son bull-terrier, aussi mignon qu'affectueux avec qui il partage ses joies et ses peines et qui le lui rend bien ! Mais comme il faut bien rentrer dans le moule, Victor accepte de jouer au base-ball en équipe pour faire plaisir à son père, peu rassuré à l'idée que son fils soit aussi marginal... Ce jour marquera un tournant définitif dans la vie du petit garçon : celui de la perte de Sparky. Pensant que son maître veut jouer avec lui, le chien se précipite après la balle et se fait écraser par une voiture. Mais comment se résoudre à se passer de ceux qu'on aime ? Comment se résoudre à leur dire adieu ? Anéanti, Victor se demande comment ramener son compagnon à la vie. Passionné de sciences (et de cinéma : comme Petit Burton !), il se lance par une nuit orageuse dans une véritable expérience à la Frankenstein, allant jusqu'à déterrer Sparky au cimetière pour mieux le ressusciter dans le secret de son grenier qu'il a transformé en atelier de savant fou grandeur nature. L'expérience est une réussite et le toutou est bel et bien de retour d'outre-tombe. Le problème étant que dans la petite ville de New Holland où résident nos héros (au cœur d'un quartier résidentiel ressemblant en tous points à celui d'Edward aux mains d'argent ;)), difficile de garder un secret aussi lourd et peu banal. Prêts à tout pour remporter le concours de sciences, les petits camarades de classe de Victor se lancent tous dans la même expérience, quitte à redonner vie à de véritables monstres et à créer la panique dans la ville...
J'ai regardé l'heure et demie de Frankenweenie avec les yeux d'une enfant et j'ai été séduite par ce long métrage en stop motion (sérieusement, existe-t-il une technique plus belle que celle-ci ? Je suis épatée par tant de graĉe à chaque fois...) qui me ramène aux grands succès du génie fou. Séduite d'abord par les personnages que Burton veut toujours aussi décalés, tous étrangement beaux à leur manière, férocement inquiétants mais non moins attachants. J'ai adoré Victor qui partage bien plus que son prénom avec le héros des Noces Funèbres...
J'ai littéralement craqué pour l'étrange fillette aux yeux hypnotiques que j'avais déjà croisé dans les pages du recueil de Tim Burton, La triste fin du petit enfant huître et autres histoires.
J'ai rêvé d'adopter Sparky (moi qui n'ait jamais eu qu'une tortue pour unique animal de compagnie et qui flippe dès qu'un chihuahua est dans les parages !). Sparky qui m'a rappelé la magnifique Sally de "l’Étrange Noël de Monsieur Jack", l'autre créature d'un (vrai) savant fou, toute de fil recousue elle aussi...
Je me suis tapée un délire sur ce petit personnage joufflu qui m'a rappelé l'un des enfants perdus dans "Hook" (autre film génial de mon enfance !)
Avouez que la ressemblance est frappante ! (comment ça "non" ?!)
J'ai été émue par le couple aimant que forment les parents de Victor, parents parfois inquiets pour leur fils solitaire mais toujours présents pour lui. J'ai particulièrement aimé ce que le père de Victor avoue à son fils à la fin du film : "les adultes se trompent souvent...".
J'ai détesté par contre le personnage d'Edgar (on ne peut pas aimer tout le monde ;)), moche et méchant petit bossu (ok, c'est pas sa faute. Mais quand même !) qui m'a rappelé le fameux assistant de Frankenstein dans le film du même nom, le bien nommé Igor.
Le noir et blanc est selon moi un choix très judicieux (bravo Mr Burton et merci d'avoir insisté sur ce point auprès des studios Disney, même s'ils ont boudé...) qui apporte une réelle valeur ajoutée au film. Au-delà du petit côté "vintage" qui ne manque pas de charme, j'ai trouvé que l'absence de couleurs magnifiait et sublimait l'ensemble, ajoutant de la profondeur aux images et aux sentiments (pourquoi tout semble plus triste, plus sombre, plus émouvant en noir et blanc ? Vous avez deux heures ;)). J'ai trouvé la 3D quant à elle bien utilisée (pour une fois !) et vraiment agréable (pas de maux de tête en ressortant de la séance, miracle !!!). Une petite réussite.
Dire que ce long métrage est fidèle à son petit frère est donc un euphémisme (la modernité de la 3D en plus !). Burton ne s'est pas écarté des lignes qu'il avait dessiné 25 ans plus tôt et j'ai trouvé cette constance particulièrement touchante, comme s'il ne voulait pas trahir son petit héros ou ses admirateurs. La seule liberté qu'il ait pris réside dans ces drôles de créatures qui (re)prennent vie sous les doigts des enfants, monstres inquiétants qui ne sont pas sans rappeler d'autres œuvres fantastiques bien connues ! Les références au cinéma d'horreur sont nombreuses, toujours drôles et subtiles et les spectateurs adultes se feront un plaisir de les traquer (moi en tout cas, je me suis bien amusée !). Ainsi, la tortue géante qui sème la terreur lors de la fête foraine annuelle de la ville s'appelle Shelley (coucou Marie, si tu passes par là !) et revient à la vie sous la forme d'un Godzilla (un des films préférés de Burton) plus vrai que nature ! Les singes de mer (normalement adorables petites créatures) deviennent quant à eux des Gremlins assoiffés de sang particulièrement voraces. La petite voisine de Victor répond au doux nom de Elisa Van Helsing (oui, comme le chasseur de vampire dans le Dracula de Bram Stoker !) et les parents du petit garçon regarde même ce film dans leur salon le soir où ils pensent leur fils tranquillement endormi alors qu'il est en train de ramener Sparky à la vie... Autre petit clin d'oeil assez savoureux : Perséphone, la chienne amoureuse de Sparky se retrouve dotée de la même coiffure... décoiffante (!) que Elsa Lanchester dans la "Fiancée de Frankenstein"... Divin !
Que dire donc de ce nouveau Tim Burton si ce n'est que du bien ? Le génie signe ici un film drôle, émouvant et plein de références et d'hommages farfelus mais qui lui vont si bien ! La recette du succès n'est pas nouvelle mais justement, ce réalisateur de talent qui semblait parfois avoir pris des chemins étranges et s'être un peu perdus en route ces dernières années semblent enfin prêt à renouer avec ses fondamentaux. Et on approuve ! Sans fausse note et sans superflu, Frankenweenie joue avec notre corde sensible et avec l'enfant qui sommeille en chacun d'entre nous. Danny Elfman, toujours fidèle au rendez-vous, sublime le tout avec des mélodies toujours aussi envoûtantes... Alors bien sûr, en toile de fond de ce monde gothique à souhait, on se demande si c'est une bonne idée de jouer avec la mort ! Mais que les familles se rassurent, pour une fois nous sommes face à un VRAI Burton familial. Je me rappelle d'une petite qui avait pleuré non-stop pendant une bonne partie des "Noces Funèbres" parce qu'elle avait peur et qu'elle ne voulait pas (du tout) voir ce film (tu m'étonnes, un peu glauque comme sortie familiale du dimanche... Je pense que le père avait voulu se faire un trip mais qu'il avait pas capté qu'il n'était pas seul !). Ici, pas d'inquiétude : le happy-end à la mode Disney est de mise (mais fidèle au court métrage, donc ne critiquons pas ;)) et permettra d'éviter aux parents de se prendre la tête avec des questions sur le deuil et autres joyeusetés ! Encore faudra-il expliquer aux enfants qu'il ne sera pas question de faire une halte au cimetière des animaux en sortant du cinéma pour ressusciter Paf Le Chien au premier orage venu mais ça... Je laisse le soin aux parents de se débrouiller avec ;) Un film touchant et personnel donc qui parlera aux petits comme aux grands et qui touche à un thème universel : la perte de l'autre... Parce que c'est peut-être en parlant de ce qui le touche le plus que Tim Burton a finalement le plus de chance de tutoyer les étoiles...
© Toutes les images sont la propriété de The Walt Disney Company France
Et toi lecteur, envie de voir Frankenweenie ?
Pour toi, Burton est un génie "génial" ou "râté" ?